Catégorie : Tous les articles

Pourquoi faut-il bien communiquer lors d’un processus de transfert d’entreprise ?

Le volet de la communication devrait être au cœur du processus de transmission d’entreprise. Il touche l’ensemble des personnes impliquées. Pour en assurer sa réussite, les deux principaux acteurs, le dirigeant sortant et le repreneur, ont à considérer plusieurs choses :

  • Le dirigeant sortant doit clarifier sa position, sa transition et ses perceptions. Il doit apprendre à communiquer son propre plan de transfert.
  • Le repreneur, quant à lui, doit communiquer ses attentes et clarifier son plan de relève.


Les parties prenantes doivent, dans un premier temps, clarifier leurs intentions. Quand on parle de relève, c’est une priorité !

communication en entreprise

Comment le dirigeant sortant et le repreneur peuvent faciliter leur communication ?


Le repreneur doit être amené à ralentir pour reconnaître ce que le cédant a créé et mis de l’avant.
Le dirigeant sortant doit lâcher prise pour laisser une place plus décisionnelle et reconnaître les valeurs du repreneur.

Lorsque la relation n’est pas fortifiée entre les deux parties, il est difficile d’annoncer la relève aux employés parce qu’il y aura un manque de crédibilité. Si le dirigeant annonce le repreneur sans se positionner dans le processus, il aura des difficultés à laisser la place au repreneur. Les employés penseront qu’il est toujours le référent principal.

Il faut avancer ensemble !

Ensuite, les employés clés peuvent être avisés. Leur place au sein de l’entreprise étant bénéfique, il est important de les aviser individuellement pour les rassurer et leur expliquer les enjeux de leur position. L’ensemble du personnel pourra, par la suite, être informé de la situation et du processus.

La relève prendra, au fur et à mesure, plus de décisions en impliquant le comité de direction pour intégrer définitivement sa nouvelle fonction et gagner en crédibilité.

Lorsque la relève est vraiment positionnée dans l’entreprise et avec harmonie, l’annonce à l’externe peut se faire. Il ne faut pas précipiter les choses et attendre le bon moment pour éviter les rumeurs.

Le cédant va laisser, au fur et à mesure, sa place et introduire le repreneur.

Quelles sont les stratégies de communication à adopter par le repreneur et le dirigeant sortant ?

Lorsque les intentions sont claires, il faut déterminer les bonnes stratégies de communication :

  • Il faut déterminer les informations à donner.
  • Il faut rester réceptif pour être toujours à l’écoute.
  • Il faut consulter. C’est ce que l’on appelle l’art de poser des questions.
  • Il faut entretenir les relations et le processus de communication en place.
  • Il faut suivre le plan d’actions établi et s’ajuster selon les préoccupations.

Que doit comporter le plan de communication ?

Dès que les stratégies de communication sont connues des deux parties, le plan de communication peut voir le jour. Il va répondre aux points suivants :

  • Qu’est-ce qui doit-être communiqué et quels sont les objectifs ?
  • Quel est le contenu à diffuser ?
  • À qui s’adresse le message ?
  • Quand faut-il communiquer, quel est le meilleur moment ?
  • Quel est le lieu ?
  • Avec quels moyens (verbal, écrit) ?

Il s’agit d’un véritable ordre du jour. Il est à faire pour toutes les rencontres afin de les structurer et les rendre plus performantes.

Quel est le rôle de la communication lors de changement ?

La communication est importante lors de changement dans l’entreprise. Elle permet de rassurer les employés sur leurs fonctions et la nouvelle gestion. Pour limiter ce climat d’insécurité, la relève devra fixer un objectif à la fois pour ne pas donner trop d’informations. Il faut limiter les réticences liées à l’incompréhension.

Il est à noter que les échanges sont composés de 7% de verbal et de 93% de non-verbal. Le non-verbal regroupe 37% de ce que l’on voit et 55% de la perception du ton du message. L’écoute est donc primordiale pour éviter les mauvaises perceptions.

De plus, il faut prendre du recul pour être efficace et optimale dans sa communication.

Ainsi, le dirigeant sortant, tout comme le repreneur, vont éviter les rumeurs et les fausses perceptions. Ils vont pouvoir expliquer le mode de fonctionnement, les engagements de part et d’autre et les enjeux pour une communication adaptée auprès des différents acteurs.

Josée nous rappelle l’impact des perceptions sur nos communications. Par exemple, elle nous parle d’une entreprise familiale. Le fils du propriétaire-dirigeant pensait que son père n’était pas prêt à céder parce qu’il ne parlait jamais du transfert de son entreprise. De par ce manque de communication, le fils percevait de fausses intentions puisque le père était prêt à céder.

Lire le volet #2 : Les styles de communicateur pour faciliter votre transition

Notre contributrice

Josée Blondin

Josée Blondin, Chef d’entreprise InterSources

Elle est conseillère stratégique en développement organisationnel et en continuité de PME, conférencière dynamique, interactive avec des exemples concrets et des outils pour une application immédiate. 

Le taux de survie à 5 ans est de 60% pour les reprises d’entreprise contre 50% pour les créations d’entreprise.
Les enjeux d’une reprise sont vitaux à plusieurs titres et notamment en terme d’emplois. Selon une étude récente, la cession des 170 000 TPE et des 15 000 PME soit un total de 185 000 entreprises susceptibles d’être transmises en raison de l’âge avancé de leur dirigeant pourraient contribuer au maintien de 750 000 emplois.

Or, nous surestimons l’impact que les départs en retraite du papy-boom vont avoir sur le marché de la transmission et la reprise d’entreprise. Nous sommes loin de la réalité.

L’observatoire de l’association Cédants et Repreneurs d’Affaires en France estime qu’il y a 186 000 PME avec au moins 5 ans d’existence et un effectif de 1 à 249 employés. Le CRA retient un cycle de cession d’environ 15 ans, ce qui amène un potentiel de cession annuelle de 45 000 entreprises dont :

  • 30% sont cédées en interne, la famille ou les employés,
  • 25% disparaissent ou ne sont pas visibles sur le marché pour cause de faillite, d’absorption ou de fusion,
  • 45% sont cédées à une personne physique externe à la famille ou à l’entreprise.

La réalité du marché de la reprise d’entreprise en France serait donc de l’ordre de 20 000 entreprises dont 7000 cessions externes pour les entreprises ayant entre 5 à 250 salariés. Nous sommes très loin des 60 000 entreprises à reprendre chaque année.

Graphique La transmission d'entreprises en _France

Une complexité : le processus

Il est compliqué de se faire rencontrer un cédant et un repreneur. Le marché de la transmission d’entreprise peut être symbolisé par un iceberg avec une offre visible du grand public, la partie au-dessus de l’eau, largement inférieure à l’offre disponible, la partie immergée. Cette dernière est appelée le marché gris car la majorité des transactions, plus de 70%, provient du marché caché. Il est composé de cédants potentiels, déclarés uniquement auprès d’intermédiaires ou au sein de réseaux qui sont abordés de manière confidentielle.

Dans la dernière partie, la partie invisible, la solution repreneuriale se retrouve dans le cercle restreint, familial ou salarial, soit un cercle très fermé et non-communiqué à l’externe.

Nous pouvons donc remarquer un marché du repreneuriat à 2 vitesses et déséquilibré.

Le marché éprouve une inadéquation de l’offre et de la demande qui varie selon la taille de l’entreprise. Le nombre de cédants excède celui des repreneurs pour les TPE de l’artisanat et du commerce de proximité, il existe au contraire deux fois plus de repreneurs potentiels que d’entreprises à vendre pour les PME. Il est, aussi, à souligner que les repreneurs ont certaines exigences en termes de zone géographique ou de secteur d’activité, le nombre de cibles potentiels continuent de se restreindre considérablement.

Les barrages au bon fonctionnement du marché cédant-repreneur

Il est entravé par des facteurs conjoncturels et structurels en dehors du poids de la fiscalité. Un baromètre de 2013 à 2016 ne constate aucune amélioration de l’appréciation des dirigeants de PME à l’égard de la transmission d’entreprise :

  • ils manquent de visibilité sur leur activité compte tenu d’une incertitude du contexte économique,
  • ils ont une mauvaise connaissance du processus de cession,
  • ils sont mal préparés,
  • ils font une surestimation presque systématique de la valeur de leur entreprise.

Le repreneur, quant à lui, rencontre prioritairement et exclusivement des difficultés de financement.

C’est la raison pour laquelle l’accompagnement par des tiers est primordial pour lever les obstacles. D’ailleurs, les intermédiaires dans le conseil se multiplient face à ce constat.

La parole aux dirigeants

Une enquête de 2015 fait savoir que 74% des chefs d’entreprise ont une bonne image des opérations de cession ou de transmission mais 48% se sentent toutefois mal informés.

Quatre dirigeants sur dix envisagent le transfert d’entreprise. 59 ans est l’âge idéal pour préparer le projet de transmission. L’élément déterminant est à 85% l’avenir de l’entreprise et la pérennité de l’activité et à 15% le prix de cession et le gain financier.

Concernant le portrait-robot du repreneur idéal, les dirigeants en ont une image précise :

  • 40-49 ans est la tranche d’âge idéal selon 56% des dirigeants,
  • 84% n’ont pas d’attachement au sexe mais il n’y a que 7% de femmes repreneures potentielles,
  • 47% veulent une expérience professionnelle et une expertise sectorielle du candidat,
  • 40% veulent un projet et une vision de l’avenir pour l’entreprise,
  • 13% s’intéressent à la situation patrimoniale et les garanties financières.

Perspective d’évolution du marché en France d’ici à 2019

Une étude de 2015 menée par Precepta montre l’évolution du marché à l’horizon 2019. Malgré le potentiel de croissance, le marché en France peine à décoller.

En 2015, les chefs d’entreprise ont reporté leur projet de transmission en raison de l’instabilité du cadre réglementaire et fiscal. De plus, la loi Hamon est venue rompre la confidentialité des opérations de cession et de transmission ce qui risque encore de peser à court terme sur la croissance du marché. La dégradation des bilans des entreprises liée aux difficultés économiques a, également, contraint les dirigeants à attendre des jours meilleurs pour vendre.

Pour finir, l’offre reste encore peu visible dû à la multiplicité des intervenants et des prescripteurs alors qu’émergent de nouveaux modèles d’affaires hors secteurs et financements traditionnels.

Sonia Boussaguet est professeure associée au département stratégie et entrepreneuriat du NEOMA Business School au campus de Reims. Elle est titulaire d’un doctorat en Science de gestion de l’Université de Montpellier 1. Ses recherches s’orientent sur l’échec repreneurial et les risques encourus sur la santé au niveau des dirigeants.

Partons à la rencontre de Clément Forgues, ancien propriétaire-dirigeant d’Outillage Industriel Québec. Pour Clément, le moment de penser à transférer son entreprise a fait son apparition.

Premièrement abordé par de potentiels repreneurs avec un grand capital, il se rend rapidement compte que la pérennité de son entreprise et le maintien des emplois sont le plus importants. Il ne souhaite pas risquer qu’un acheteur externe vienne « faire le ménage » dans l’entreprise.

Après discussion avec plusieurs de ses employés intéressés à prendre la relève, Sylvain Lortie semble être le repreneur idéal.

À ses débuts, Sylvain ne pensait pas reprendre l’entreprise intégrée. Son envie est arrivée progressivement puis une réflexion plus approfondie. Avec plus de 10 ans d’expérience au sein d’Outillage Industriel Québec, l’ambition du repreneur confortait Clément.

Ensemble, ils ont mis au point un programme de formations pour parfaire les connaissances de Sylvain et le préparer au mieux à son nouveau rôle de dirigeant. Une véritable relation respectueuse et de confiance s’est installée entre les deux hommes.

Clément a soutenu Sylvain auprès des institutions financières pour montrer qu’il était une valeur sûre et un vent de fraîcheur pour l’entreprise. Ainsi, le prêt a été jugé moins risqué.

Après les négociations du prix d’achat, Clément est resté dans l’entreprise pendant tout le processus de transfert pour rassurer Sylvain et les institutions financières. Ensuite, le temps de quitter l’entreprise est arrivé pour permettre à la nouvelle culture de Sylvain de s’installer sans générer de conflits.

Clément rappelle que l’accompagnement dans le processus a grandement aidé. Le cédant doit être préparé pour mener au succès du transfert. Dans son cas, son expérience en tant que repreneur d’Outillage Industriel Québec lui a permis de soutenir au mieux Sylvain et de comprendre ses problématiques. En s’entourant de personnes compétentes et expertes, le plan de match s’est bien déroulé tout en intégrant une démarche de gestion des relations humaines. L’entreprise a, ainsi, continué ses activités sans brusquer les opérations.

Aujourd’hui, Sylvain possède l’entreprise avec 5 autres repreneurs. Découvrez le témoignage de Clément Forgues, cédant de l’entrepirse Outillage Industriel Québec: 

M. Clément Forges nous raconte le transfert de son entreprise

 

Le domaine de la construction vous intéresse et vous envisagez de reprendre une entreprise ? Nos experts en fiscalité, fusion et acquisition vous apportent leurs conseils pour comprendre au mieux le contexte de l’entrepreneur dans ce secteur et les éléments à considérer pour réussir votre processus de transfert.

 

Point 1 : Comprendre la vision du cédant en construction

 

En construction, il n’est pas rare de voir des entrepreneurs avec plusieurs rôles au sein de leur entreprise. En effet, leur temps est partagé entre prospection, estimation, soumission, gestion et coordination des chantiers. Dans un tel contexte, penser à sa relève peut ne pas s’avérer une priorité.

 

Une autre réalité a, aussi, fait son apparition. Les entrepreneurs en construction ont, souvent, une perception faussée de la valeur de leur entreprise. Les projets non-récurrents les incitent à croire que leur entreprise ne vaut rien sur le marché et qu’aucun repreneur potentiel ne se lancerait dans un processus d’acquisition.

 

Astuce :

 

Que les projets soient d’origine publique ou privée, les flux de liquidités auront un impact sur la valeur de l’entreprise. Ils vont avoir une influence sur la solvabilité et la pérennité de l’entreprise. De plus, l’expertise complémentaire représente une valeur pour l’acquéreur et un véritable argument de vente.

 

 

Point 2 : Considérer le passé pour anticiper les vices cachés !

 

Tout projet de construction peut révéler des surprises dans un futur proche ou lointain. Lors du processus d’acquisition, il faudra mettre l’accent sur ce point.

 

En effet, déficiences, vices cachés, retenues, poursuites, ou réclamations fiscales peuvent entrainer des préjudices qui pourraient affecter la valeur et les conditions de la transaction. D’ailleurs, un client bénéficie de 5 ans pour déclencher des poursuites*.

 

Du côté de l’entrepreneur, son offre de garantie est d’un an sur l’ensemble du projet et de 5 ans sur les vices majeurs. Il devient conjointement responsable avec l’architecte et l’ingénieur du chantier.
Si l’entrepreneur a vendu les biens, l’acheteur peut déposer sa poursuite dans les 3 années qui suivent la découverte du vice caché. Cela peut s’effectuer au-delà du délai de garantie.
Il n’a donc aucune certitude que l’entreprise acquise ne comporte aucun projet avec des vices cachés.

 

Pour éviter ce risque, un repreneur privilégiera un achat des actifs afin de ne pas être responsable des obligations passées de l’entreprise.

 

Il est à souligner qu’à l’égard des risques encourus, les transactions d’actions dans la construction sont plus difficiles par rapport à d’autres domaines.

 

Astuce :

 

Dès l’acquisition, il est possible de couvrir les éventuels vices de construction grâce à 2 méthodes :

 

  • Le vendeur laisse un montant dans un compte fidéicommis ou accorde une balance de prix de vente à l’acquéreur pour s’assurer que des fonds sont disponibles pour couvrir les réclamations éventuelles,
  • Les risques peuvent être couverts par une compagnie de cautionnement.

Le cautionnement représente un coût qui doit être assumé par les parties lors de la vente.

 

*Le Code civil du Québec (1) (C.c.Q.) protège les propriétaires d’une construction immobilière contre les déficiences qui peuvent survenir à la suite de l’exécution des travaux.
En effet, les intervenants ayant participé à ces travaux, soit l’entrepreneur, l’architecte et l’ingénieur peuvent être tenus responsables pour les travaux qu’ils ont, selon le cas, dirigés ou surveillés, et le sous-entrepreneur pour les travaux qu’il a exécutés.
Qu’il s’agisse d’un vice pouvant causer la « perte de l’ouvrage » (2) ou d’une « malfaçon » (3), le donneur d’ouvrage qui veut se prévenir de ces garanties n’a pas à prouver l’existence d’une faute de la part des intervenants.

 

Source : https://www.acqconstruire.com/chroniques/92-affaires-juridiques/196-justice-garantie-code

 

Point 3 : Fixer un prix avec des conditions !

 

Peu importe le domaine d’activité, le prix d’achat se détermine avec des conditions et en fonction des cas.

 

Après avoir complété, l’entente de confidentialité, l’évaluation de l’entreprise et la lettre d’intention, la revue diligente va permettre de constater les risques pour le repreneur. Les experts vont tenter de les quantifier en valeur monétaire. L’objectif de cette étape est de connaître l’ampleur des risques et de les partager de manière équitable entre le cédant et le repreneur. À noter que le domaine de la construction est particulier puisque des projets s’étalent sur de longues périodes. Un entrepreneur peut avoir commencé le projet, et un autre a pu prendre le relais pour le finir.

 

Dans certains cas, il peut être demandé au cédant de finir le projet en cours et en dehors de la transaction.

 

Astuce :

 

Il est nécessaire de bien déterminer le début et la fin du projet en cours ainsi que les responsabilités du repreneur et du cédant. La revue diligente va permettre d’aborder la liste de tous les points importants pour faciliter la transaction et limiter les risques.

 

La balance de vente a, également, un rôle primordial. Elle va tenir compte de l’ensemble des risques et va absorber les coûts liés si besoin.

 

Point 4 : Être accompagné par des experts !

 

L’atout des experts : intervenir pour valider les points essentiels, éviter un échec des négociations ou réduire des coûts importants de mésentente !

 

Lors d’une transaction, les professionnels peuvent se retrouver à effectuer un gros ménage dans l’ensemble des dossiers si le cédant n’a jamais pris le temps de le faire. Cela est indispensable au moment de la vente et va permettre de retrouver le point de départ de l’entreprise pour éviter les mauvaises surprises. Ensuite, un choix d’un mode de transaction peut s’effectuer :

 

  • Un achat d’actions

Dans ce cas, le processus de vérification diligente peut demander du temps et des moyens financiers plus importants pour l’acquéreur.

 

Il faut, aussi, ajouter du temps et des ressources pour l’ensemble des considérations légales, notamment les réclamations d’employés ou de clients.

 

Par exemple, l’acquéreur voudra vérifier le travail réalisé par le comptable du vendeur, les déclarations d’impôts des années passées, la conformité de la TPS/TVQ… Pour le cédant, il voudra valider son admissibilité à l’exonération en gain en capital.

 

L’analyse de tous les contrats, présents ou passés, peut nécessiter la contribution d’autres professionnels de la construction.

 

Les risques peuvent être importants pour un entrepreneur puisqu’il acquiert l’historique de l’entreprise.

 

  • Un achat d’actifs

Dans ce cas, le repreneur va acheter les actifs (équipements, inventaire, achalandage…) et les amortir fiscalement dans le temps. Il réduit, ainsi, son revenu imposable à l’année et le montant de ses impôts.

 

Il ne continue pas l’identité juridique de l’entreprise du cédant et sa responsabilité est beaucoup moins engagée. Le repreneur se voit, essentiellement, préoccupé par son titre de propriété et l’absence de lien sur les biens comme les hypothèques.

 

Astuce :

 

Dans les deux cas, le repreneur doit comprendre ce qu’il achète. Le traitement fiscal varie en fonction du type de transaction, achat d’actions ou achat d’actifs. De plus, tous les actifs achetés n’ont pas le même traitement. Si l’achat est financé par le biais d’un emprunt, le repreneur voudra bénéficier d’une déduction fiscale pour le paiement des intérêts. Cette déduction lui permettra de réduire ses impôts dans l’immédiat.

 

Lors d’achat d’actions, les valeurs historiques fiscales de l’entreprise sont conservées, sauf exception. Si l’équipement est presque amorti, il restera très peu d’amortissement fiscal pour le repreneur. Alors, il est pénalisé.

 

Point 5 : Être conciliant !
Pour mener à bien le projet d’acquisition, il faut concilier aussi bien les intérêts du repreneur que du cédant.

L’intervention d’un expert pourrait encore une fois être importante puisqu’il peut rapprocher les parties, tenter de diminuer les coûts inutiles et minimiser les impôts de l’acquéreur et du vendeur.
Un expert peut planifier l’ensemble en exposant clairement les enjeux auprès des deux parties. Toutefois, il est préférable d’avoir des conseillers distincts pour les matières litigieuses afin de ne pas favoriser une des deux parties impliquées lors de la vente. Si plusieurs conseillers sont mobilisés, il faudra s’assurer d’une bonne coordination.

Il ne faut pas oublier qu’il s’agit, souvent, d’une première expérience. Le cédant et le repreneur ne visualiseront, certainement pas, les risques encourus de la même façon et devront s’adapter à un processus méconnu. De plus, ils devront continuer à s’occuper des opérations courantes.

La présence de professionnels expérimentés peut favoriser les discussions objectives et permettre d’instaurer une relation de confiance.

Astuce :
Pour coordonner une transaction dans un processus de transfert, pourquoi ne pas faire un plan de projet ?

Il inclut les 3 parties, cédant-repreneur-professionnels, et permet de visualiser ce qui est à faire :
– Qui fait quoi,
– Qui porte le chapeau,
– Qui a quelle(s) responsabilité(s),
– Qui coordonne les intervenants pour un projet avec un tronçon commun.

Un tel plan permet de limiter les intervenants qui, en très grand nombre, peuvent ralentir le processus. Il définit, aussi, le périmètre d’actions de chacun pour éviter la confusion et les éventuelles discordances.

 

Nos Contributeurs :

François Therriault, est avocat fiscaliste avec plus de 20 ans d’expérience. Sa clientèle cible est composée d’entrepreneurs ou de dirigeants d’entreprise. Il dessert une clientèle de sociétés privées. Au fil de sa carrière, il a conseillé plusieurs entreprises reliées au domaine de la construction.

Robert Deshaies, MBA Post MBA, a été pendant 20 ans un entrepreneur général en construction industrielle et commerciale. Il a croisé beaucoup d’entrepreneurs ce qui lui permet de bien connaître le marché de la construction surtout au niveau du bâtiment. Il est, aujourd’hui, spécialisé en fusion et acquisition et offre un service qui inclut l’évaluation et la valorisation d’entreprise.

Yves Cameron, Adm.A., B.A.A, est conseiller senior au CTEQ pour la région de Montréal. Il possède 24 années d’expérience diversifiée dans l’amélioration des processus d’affaires auprès de PME manufacturières, l’accompagnement des directions d’entreprises, la planification stratégique, les transactions d’entreprises, le financement de projets et l’implantation de solutions technologiques.

 

Le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) et l’Association régionale de développement économique du Centre-du-Québec (ARDECQ) sont fiers de vous proposer la deuxième des cinq capsules vidéo destinées aux dirigeants d’entreprises. 

Le prix de vente

« Le prix de votre entreprise n’a malheureusement rien à voir avec le temps et les sacrifices investis. D’ailleurs, un prix trop élevé ne vous apportera pas plus d’argent, cela pourrait plutôt retarder le processus de transfert d’entreprise.» nous dit Nathalie Bilodeau, conseillère en transfert d’entreprise du Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ)

Avant de présenter votre entreprise à un acheteur potentiel, il vous faudra faire l’exercice complexe de déterminer la valeur d’une entreprise que vous voulez vendre. Il est alors fortement recommandé de faire appel à un spécialiste de l’évaluation d’entreprises afin de déterminer la valeur la plus juste de votre entreprise.

Découvrez dans cette vidéo, les conseils avisés de Nathalie Bilodeau, conseillère en transfert d’entreprise du CTEQ et le témoignage de Mme Claire Côté et M. Normand Lamothe de Bois Laurentides inc. de Saint-Célestin.

Le projet a été rendu possible grâce à la Table d’action en entrepreneuriat du Centre-du-Québec, par Desjardins Entreprise du Centre-du-Québec et le Groupe RDL.

Issu d’une famille de 4 générations d’entrepreneurs, Sylvain Darche prend rapidement conscience des défis auxquels font face les entreprises familiales dans un processus de transfert. Cumulant 25 ans d’expérience, il développe une expertise en gestion et dans le coaching d’entrepreneurs et de repreneurs.

Comment le goût du repreneuriat vous a été inculqué ?

J’ai été impliqué très jeune dans un contexte d’entreprise de services à la personne. Je participais aux achats des véhicules pour l’entreprise, aux discussions d’expansion, à l’ajout de nouveaux services et à des discussions d’affaires avec les clients. Rapidement, j’ai trouvé stimulant de pouvoir un jour avoir un impact sur l’amélioration ou le développement de l’entreprise. C’est ce qui m’a donné le goût de poursuivre.

Selon vous, est-ce que l’on naît entrepreneur – ou repreneur – ou on le devient ?

Je crois que l’on retrouve une grande part d’innée dans plusieurs réflexes d’entrepreneurs, comme la proactivité, le fait d’être orienté vers les solutions, l’énergie pour transformer les difficultés, le goût de la croissance, le fait de constamment rechercher le petit plus pour le client. Bien sûr, ces différents aspects peuvent se développer et se raffiner avec le temps.

Quels sont les enjeux propres au transfert familial ?

Il y a plusieurs enjeux souvent sous-estimés, dont les enjeux financiers, fiscaux et légaux. Il y a aussi les enjeux humains qui, parfois, ne sont pas adressés. Par exemple, quels seront les rôles de chacun pendant la transition ? Quel est le plan pour développer la relève ? Comment seront prises les décisions ?

Également, qui dit transfert familial dit enjeux familiaux. Dans une relève familiale, le repreneur peut oublier les attentes du propriétaire en percevant d’abord sa fonction de parent. Il doit donc réussir à y répondre en trouvant un équilibre entre la façon dont il veut faire les choses et celle du propriétaire. L’ensemble des enjeux est complexe et nécessite une réflexion et la création d’un plan. Un suivi rigoureux du plan de transfert doit être prévu. De plus en plus, les banquiers recommandent un accompagnement externe pour encadrer la démarche, la supporter et challenger la relève autant que le propriétaire. Ainsi, plusieurs conflits et pertes de temps seront évités.

Dans votre pratique, quels sont les différents profils de repreneurs rencontrés ?

Je constate qu’il y a autant de femmes que d’hommes qui reprennent la relève d’une entreprise familiale. En général, ce sont des passionnés, de bons gestionnaires et développeurs d’affaires. Ils communiquent positivement leurs attentes et savent s’entourer d’une bonne équipe, autant au niveau des cadres et employés de l’entreprise qu’au niveau des conseillers externes. Également, ils peuvent les challenger et les sortir de leur zone de confort.

Quels sont les profils de cédants avec qui vous travaillez ?

J’ai rencontré au cours des 15 dernières années, neuf profils différents d’entrepreneurs :

Ceux qui réussissent plus facilement ont la capacité de laisser de la place au fur et à mesure que la relève évolue. Le défi pour les cédants est de développer de nouveaux leaders et faire véritablement équipe avec la relève. Cela semble évident mais dans le quotidien, souvent, un coup de pouce de l’externe est nécessaire pour développer cette nouvelle façon de faire.

Comment aidez-vous les cédants à graduellement donner la place au repreneur?

Cela se fait sur une certaine période de temps. Au fur et à mesure que la relève évolue, nous organisons des rencontres et discutons des prochains dossiers ou projets à venir qui seront confiés aux repreneurs.

Quelles sont les trois plus grandes qualités que doit posséder un repreneur selon vous ?

Le repreneur doit avoir un grand respect envers les valeurs de l’entreprise ainsi qu’envers la vision et les priorités du propriétaire, des employés, des clients et des fournisseurs. À un autre niveau, il est aussi important que le repreneur respecte le budget établi et le plan stratégique qui peuvent être adaptés au besoin et rediscutés au sein du conseil d’administration ou du comité consultatif.

Le repreneur doit aussi avoir un sens des affaires développé. Il ne faut pas oublier que cela prend souvent quelques années avant que la relève puisse voir l’impact de ses décisions. Le repreneur doit donc avoir une vue d’ensemble de l’entreprise avant de prendre position sur des enjeux importants. De plus, il doit avoir un sens des priorités et du timming. Il doit être capable de gérer le changement efficacement et se bâtir une bonne équipe à l’interne, en plus du souci de rentabilité.

Un repreneur doit établir une bonne communication avec le propriétaire pour assurer un lien de confiance optimal. Parfois, de petites actions peuvent faire une grosse différence. Il est, par exemple, possible de faire des suivis réguliers sur le déroulement des projets ou les problèmes résolus. Il est tout aussi important de savoir communiquer les priorités, d’écouter les préoccupations et de répondre aux besoins de son équipe.

Une bonne communication avec les banquiers est, également, importante. Une relève qui développe le réflexe de communiquer régulièrement avec eux et qui crée un lien peut gagner en crédibilité.

Quelle est LA plus grande leçon que vous avez apprise en termes de reprise familiale, par vos parents ou votre famille ?

Souvent dans un processus de relève d’entreprise, le repreneur ressent la pression de faire ses preuves rapidement et veut faire les choses à sa façon. Cela peut créer certaines frictions avec le propriétaire-dirigeant. Quand j’étais une relève, j’ai voulu apporter des changements beaucoup trop vite. J’ai ensuite réajusté le tir pour y aller plus progressivement. Cela a complètement changé la dynamique.  Il y a réellement une question de timing à respecter et il faut y être sensible. Cela nécessite beaucoup de souplesse, du respect, de la patience et une bonne gestion des changements qui sont parfois sous-estimés dans la gestion quotidienne.

Notre contributeur

Sylvain Darche – Conseiller en gestion et relève, transfert d’entreprise chez RCGT

Il fait partie de l’équipe de Raymond Chabot Grant Thornton et se spécialise dans le coaching d’entrepreneurs, d’associés et de relèves qui désirent améliorer leurs performances ou celles de leurs équipes. Il accompagne également les dirigeants et leurs relèves dans la préparation des transferts d’entreprises.

Sylvain connaît bien le contexte des entreprises et les défis auxquels font face leurs dirigeants et leurs relèves puisqu’il provient d’une famille de quatre générations d’entrepreneurs et de gestionnaires. Il a gravi tous les échelons de l’entreprise familiale. De plus, il connaît bien la grande entreprise pour y avoir travaillé pendant plusieurs années. Il a coaché des dizaines de propriétaires et de relèves dans différents contextes d’entreprises de la petite à la grande. Plusieurs de ses clients ont remporté des prix décernés par les chambres de commerce et autres organismes.

Certaines entreprises disparaissent en emportant avec elles tout un savoir-faire. Les cordonneries en sont des exemples représentatifs. Pourtant, à Gatineau, deux jeunes repreneurs ont décidé de conserver un métier qui se fait rare en achetant la cordonnerie Chez Gerry.

Leur jeunesse a fait naître un nouveau modèle d’affaires pour cette petite institution riche en créativité. Pour Benjamin et Julien Charles, les deux cousins entrepreneurs, le temps alloué au développement de l’entreprise est un véritable plaisir !
Afin d’amener leur nouvelle vision et changer cette image vieillotte du métier de cordonnier, ils ont déployé un véritable plan marketing.

Du logo, au site internet en passant par les événements, nos deux jeunes se veulent proche de leur clientèle et dans l’air du temps. 

Aujourd’hui, ils veulent partager leur réussite pour inspirer le plus grand nombre. L’Outaouais a plusieurs organismes qui aident au financement et au développement d’activités. Benjamin et Julien Charles veulent encourager les entrepreneurs et leur faire prendre confiance en eux !

Retrouvez leur témoignage :

On ne le dira jamais assez, le transfert d’entreprise est un enjeu sensible et critique au Québec. Ces dernières années, le débat se concentre sur le manque de relève. Il n’est pas rare de lire dans la presse que nos jeunes ne sont plus intéressés à reprendre des entreprises familiales, on entend qu’ils n’ont pas la volonté de travailler autant que la génération précédente.

« Notre jeunesse est mal élevée. Elle se moque de l’autorité et n’a aucune espèce de respect pour les anciens. Nos jeunes aiment le luxe, ont de mauvaises manières, se moquent de l’autorité et n’ont aucun respect pour l’âge. À notre époque, les enfants sont des tyrans. ».

Voici le portrait élogieux de cette génération Y qui est tant décrié dans la presse. Cependant, cela fait plus de 5000 ans que les nouvelles générations sont plus paresseuses que les précédentes comme le prouve cette citation du philosophe Socrate (470 avant J.-C. – 399 av. J.-C). Le constat est clair, on comprend donc que ce conflit générationnel est quasi intemporel et que le problème est davantage communicationnel.

Le rapport Reprendre, c’est entreprendre ! de la RJCCQ en vient aussi à ce constat. On y rapporte que pour 60% de la relève, il y a une pénurie d’entreprises à vendre, tandis que pour 70% des dirigeants estiment plutôt qu’il manque de repreneurs lorsqu’il est le temps de vendre leur entreprise.

Nos conseillers en transfert d’entreprise nous le rapportent aussi, les jeunes sont prêts à reprendre des entreprises, à travailler et à s’investir dans une entreprise qu’elle soit familiale ou non. Les repreneurs ne se cachent pas, au contraire ils s’affirment et affichent leur ambition. Ils multiplient leurs actions et posent des gestes concrets, comme s’afficher sur des plateformes de jumelage pour repreneurs et cédants (voir l’INDEX), suivre des formations pour devenir la meilleure relève possible (voir le Succès-Relève) et participer à des évènements de réseautage où ils crient leur désespoir de trouver une entreprise.

Quelles solutions ?

  • Cessons d’entretenir le mythe de ce nouveau choc générationnel, priorisons davantage sur ce qui nous rassemble comme assurer la pérennité de l’entreprise.
  • Développons des initiatives qui permettent aux cédants et aux repreneurs de se rencontrer et d’échanger.
  • Formalisons le processus de communication. Nous ne le dirons jamais assez, un transfert d’entreprise réussi passe par une communication transparente entre le cédant et le repreneur. Privilégions la création d’un comité de gouvernance (IGOPP) lors que le transfert est externe et un conseil de famille lorsque la relève est familiale.
  • Demandons de l’aide. Pour créer un climat de dialogue et de confiance, les cédants et des repreneurs doivent se faire accompagner par une tierce partie qui est neutre et objective.

À la fin de ses études en 1981, Michel Morelli fonde l’entreprise avec deux collègues d’école, Gary Savage et Luc Bergeron. Luc finit par partir travailler en Europe. Les deux associés continuent leur développement et s’offrent de belles années en design industriel et en graphisme. Ils ont pu travailler pour plusieurs musées au Québec et des parcs nationaux.

Par la suite, Michel est allé travailler pour une entreprise d’éclairage. Après 7 années, il passe de designer industriel à directeur du marketing, directeur des ventes puis directeur général. Avec une équipe de 98 employés, il annonce un chiffre d’affaires de 7 millions de dollars. À cette époque, Michel ne souhaitait pas vraiment être directeur général. Le contexte économique de l’entreprise l’a incité a quitté le navire et à revenir aux sources, le design industriel.

En 1995, il ouvre à nouveau l’entreprise Morelli. L’activité se développe notamment grâce à des projets dans le mobilier urbain. À titre d’exemple, nous pouvons citer les 17 produits développés dans le Vieux-Port de Montréal. D’une entreprise multidisciplinaire, Morelli est devenue spécialisée dans certains secteurs dont le médical et le transport.

Et la rencontre arriva ! 

« Le secteur du transport nous a amené un petit nouveau, Jonathan ! Il était jeune, ambitieux et voulait essayer d’autres choses. Il m’a donc demandé la gestion des trains touristiques de Charlevoix. Je l’ai regardé faire et finalement, il s’en est bien tiré ! Je lui ai donc donné d’autres projets ferroviaires comme San Francisco ou Rocky Mountaineer. Et à chaque fois, il s’en tirait bien ! », nous explique Michel.

Jonathan se donnait corps et âme dans ses projets et voyait toujours plus loin. Alors, il a demandé à s’occuper de la gestion des projets et du bureau. Michel a, encore une fois, dit oui !

« Il y a 4-5 ans, Michel allait peut-être se retirer. Alors, je lui ai proposé de prendre un certain pourcentage sur l’entreprise », nous précise Jonathan. Les deux hommes ne prenaient pas le temps de rentrer dans le vif sujet mais le temps les a rappelés à l’ordre.

 « Il était temps que je pense au futur ! Je venais de prendre 60 ans et je me demandais ce que je devais faire avec ça. Jonathan avait un intérêt grandissant pour reprendre l’entreprise. J’étais prêt à l’aider dans ses démarches. »

Jonathan avait besoin de partenaires potentiels parce qu’il ne savait pas s’il voulait reprendre la totalité de l’entreprise. Ensemble, ils ont rencontré plusieurs partenaires mais ils ne semblaient pas réceptifs et la notion de risque était trop importante. Il a fallu trouver une autre option. Des entreprises voulaient acheter à 100% et contrôler la totalité mais Jonathan ne voulait pas être un employé. Sa volonté était d’être repreneur!

Quand la fibre entrepreneuriale nous tient !

En 2017, Jonathan annonce la nouvelle à Michel : « si quelqu’un doit acheter l’entreprise, c’est moi ! ». Le CTEQ a mis sa casquette d’accompagnateur pour instaurer une équité et aider dans le processus de transfert. « On avait besoin de comprendre le déroulement, le fonctionnement et les bases de départ parce que nous n’avions pas d’idées sur le processus », nous mentionne Michel. Yves Cameron, conseiller en transfert d’entreprise au CTEQ, a mis les deux hommes en relation avec la BDC pour évaluer l’entreprise.

Jonathan a su être convainquant auprès des institutions financières. En effet, son implication dans l’administration et la gérance de l’entreprise, un an et demi avant ses démarches officielles, lui a permis d’obtenir le financement nécessaire pour son projet de reprise.  « Heureusement que Michel m’a fait confiance et m’a laissé ouvrir les livres de l’entreprise. Il m’a fait un véritable cadeau pour me familiariser avec la gestion de l’entreprise et constater sa rentabilité. J’ai effectué beaucoup de changement au niveau des outils, des systèmes et de la structure de l’entreprise. Ces décisions étaient nécessaires pour la santé de Morelli et cela a convaincu les institutions financières car les chiffres parlaient d’eux-mêmes. »

Les deux hommes nous rappellent que le climat de confiance entre un dirigeant sortant et un repreneur est indispensable. Pour Michel,  « L’acheteur doit savoir dans quoi il s’embarque et pour ça, il faut lui faire confiance en le laissant regarder les chiffres de l’entreprise. De cette manière, j’ai vu que Jonathan était capable de reprendre les rênes. Il ne suffit pas de dire que je pars et que laisse la business !».

Pour Jonathan, la confiance, la complicité et la complémentarité sont des éléments déterminants. Le processus demande du temps et pour ça il faut pouvoir compter l’un sur l’autre. Un autre défi s’est présenté à Jonathan, celui de redresser l’entreprise. Il y a deux ans, il propose d’introduire le design thinking pour relancer l’entreprise. Les deux hommes relèvent le défi et décident de transformer Morelli. Ainsi, Jonathan amenait sa nouvelle vision et se fixait des objectifs jusqu’au départ de Michel.

Morelli devait se différencier et cherchait à se distinguer. Jonathan a construit sa vision en se donnant le temps de le faire. De 5h à 6h30 du matin et pendant deux ans, il a travaillé sur son projet et sa construction. « Un matin ma femme est descendue au sous-sol et elle m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit que je travaillais sur mon avenir. Je ne savais pas encore ce que cela allait être mais c’était le futur !».

Le projet a été essayé, peaufiné, complété avec des partenaires et a fait monter l’entreprise !
Ce nouvel axe de services permet, aujourd’hui, à Morelli de supporter les entreprises en stratégie et développement de projets. L’équipe aide les clients à aborder le projet pour avoir un avantage concurrentiel et durable dans le temps. Elle peaufine le cahier des charges qui ne dit pas tout et oublie des éléments. L’objectif est d’augmenter le positionnement des clients et leur marge de profit. Leur devise : ralentir le client pour mieux le faire accélérer !

Les conseils de Jonathan aux repreneurs :

« Reprendre une entreprise, ce n’est pas juste des chiffres représentés par l’état financier. Le côté humain est indispensable car la relation avec les gens est souvent la source des échecs. Sans les employés de Morelli, l’entreprise n’est plus ! La continuité se fait avec la confiance des membres de l’équipe. »

Penser au pire pour agir !

Michel nous mentionne un fait important, c’est que les dirigeants pensent rarement au fait qu’ils doivent céder avant de tomber malade. « Je me suis dit que si demain je tombais malade, Jonathan devait être en position pour assurer la relève ».

Aujourd’hui, Michel est le plus jeune des employés mais le plus vieux dans la structure ! Pour lui, rien n’a changé. Il met toujours autant d’énergie pour que tout aille bien, autant pour l’entreprise et l’équipe que pour Jonathan.

Chez Morelli, 95% des clients sont récurrents. Pour un dirigeant sortant, il est important de sécuriser la clientèle existante pour ne pas la perdre et éviter les rumeurs. La confiance s’est établie par son biais et cela doit se poursuivre avec le repreneur. Le nouveau rôle doit être clair et annoncé de la bonne manière. « Les clients ont grandi avec nous et ils savaient qu’on s’en allait vers une reprise. Ce n’était pas une surprise. Certains m’ont même appelé pour me dire qu’ils avaient encore plein de projets pour Morelli et qu’il ne fallait pas que je m’inquiète », nous précise Jonathan.

Lors de l’annonce, Morelli a eu beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Les deux hommes souhaitaient amener le changement d’une manière humoristique ! Michel a joué le dirigeant renvoyé avec sa boîte et sa plante.

Les clients ont bien rigolé. « Annoncer le repreneur, c’est un peu ennuyant. On voulait montrer qu’un processus de relève peut se faire dans la joie et dans le plaisir ! Il y a une continuité. »

Michel nous mentionne que ce n’est pas évident de trouver sa relève même à l’intérieur de l’entreprise. Il a joué l’homme-orchestre pendant des années en s’appropriant différents rôles. Quand Jonathan est arrivé, il avait envie d’essayer, de fouiller et de comprendre. Michel a vu son potentiel.

Les échecs qui peuvent toucher le projet de relève :

« Il faut se parler avant de demander les états financiers de l’entreprise. Il faut voir si le mariage est possible !».

Avec le CTEQ, les deux hommes se sont entourés d’un acteur neutre pour obtenir des conseils et trouver des experts. Ainsi, ils ont limité les émotions en évitant les professionnels qu’ils connaissaient déjà.

Jonathan nous parle des perceptions du début et de l’importance de la complicité : « Il y a quelques années, on faisait appel à des connaissances pour l’évaluation de l’entreprise, la comptabilité etc. On s’est rendu compte qu’il fallait rendre tout ceci neutre pour éviter les désaccords. Ensuite, on a eu la notion de temps entre l’évaluation et le moment de la transaction. Beaucoup de mois s’étaient écoulés et un plan de croissance était déjà en place. Les avocats des deux parties ont dû trouver un accord pour savoir ce que l’on faisait des retombées positives. Cela a été un moment de discorde entre les deux professionnels mais grâce à ma complicité avec Michel, nous en avons discuté et trouvé facilement un accord ».

La complicité intergénérationnelle des deux hommes et leur volonté de voir toujours plus loin pour Morelli, nous offrent un bel exemple de réussite de relève à l’interne ! Pour en savoir davantage sur leur entreprise et leur offre de services, rendez-vous sur le site Morelli Designers

On attend la suite avec impatience !

Le Café-boutique Aux 5 sœurs, c’est la place conviviale en Mauricie, à Sainte-Thècle. Résidents ou touristes, on s’y arrête pour savourer un bon café accompagné d’une gaufre belge. Le lieu revit tout en nous plongeant dans son passé. Nous imaginons ces 5 sœurs Leblanc qui ont tenu le magasin général et qui sont encore dans l’esprit des aînés. On vous parle d’une aventure. Celle de Roxanne et Olivier qui ont amené leur sensibilité dévorante dans le village en redonnant vie au patrimoine et en valorisant les artisans locaux.

Pourquoi avez-vous choisi la Mauricie ?

Je viens de Trois-Rivières et j’y ai demeuré jusqu’à la fin de mes études. Olivier et moi, nous nous sommes rencontrés à l’UQTR, lors de nos études respectives en administration des affaires.
La Mauricie a été un choix facile pour nous puisque nous aimions la région et que l’accès à la propriété y était facilitée pour un jeune couple comme nous.
La région de Mékinac était méconnue pour nous, mais nous y sommes tombés amoureux lors d’une première visite.

Pourquoi avez-vous choisi de reprendre le Magasin Général de Sainte-Thècle ?

Le lieu était affiché sur un site de vente de propriétés et nous sommes venus le visiter. Le Magasin Général était abandonné depuis plus de 20 ans, il n’était pas dans un état propice à l’ouverture d’un commerce rapidement. Nous avons donc acheté la maison et le Magasin Général qui appartenaient à la même famille et avons décidé d’en faire notre nouvelle vie !

Ce n’est qu’un an après l’achat que nous avons ouvert le Café « Aux Cinq Sœurs ». Le nom est d’ailleurs une référence historique aux cinq soeurs Leblanc qui opéraient autrefois le magasin de leur père. Nous en avons fait un lieu rassembleur, authentique et rempli de souvenirs.

Comment avez-vous procédé pour acquérir le magasin ?

Comme le bâtiment (Maison et Magasin) était classé comme résidentiel/commercial, nous avons fait appel à Desjardins pour une hypothèque et nous avons dû mettre une mise de fond de plus de 20% pour l’acquisition.

La difficulté a été dans l’acquisition et l’assurance des bâtiments. Ensuite, même si le projet commercial était novateur pour la région, nous avons eu de la difficulté à trouver des partenaires financiers. Les secteurs de la restauration et de la vente au détail sont à risque plus élevés. Les prêts aux entrepreneurs sont donc plus difficiles.

Finalement, les premiers à avoir fait confiance en notre projet sont FONDEC de Trois-Rivières, puis la Municipalité de Sainte-ThècleDesjardins ainsi que le CLD Mékinac. Ce sont ces partenaires qui nous ont permis d’ouvrir le commerce.

Comment avez-vous amené votre nouvelle vision pour bâtir votre succès local ?

Nous sommes partis de l’histoire du Magasin Général pour bâtir notre modèle d’affaires ainsi que notre image de marque. Les résidents locaux avaient déjà un lien avec cet ancien bâtiment et ils étaient favorables au projet. Cela nous a grandement aidé. Avant l’ouverture officielle, nous avons travaillé très fort sur les réseaux sociaux pour créer un engouement. Cet engouement dure depuis plus de 16 mois !

Aujourd’hui, quels sont vos constats et vos ambitions pour le futur ? Feriez-vous des choses différemment ?

L’entreprise va bien, elle est en pleine croissance et nous permet de nous dépasser professionnellement. Elle demande beaucoup certes, mais nous faisons ce métier avec passion parce que nous l’avons choisi. Nous sommes deux associés et 5 employés, l’équipe grandit pas à pas ! C’est une grande fierté pour nous.

Nos ambitions s’orientent principalement sur le développement touristique et régional de chez nous. Nous aimerions que notre projet inspire des jeunes à venir s’installer dans Mékinac et que d’autres s’orientent vers l’entrepreneuriat en région également.

Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui envisagent d’entreprendre en région ?

Entourez-vous des bonnes personnes parce qu’un projet ne repose pas sur un seul entrepreneur. Soyez fiers de bâtir un projet, de générer des emplois et de dynamiser nos régions. Le Québec en a besoin ! N’essayez pas d’entrer dans les « balises » commerciales, sortez des champs battus, soyez créatifs ! Plusieurs entreprises ont besoin de relève et elles n’en ont pas, notamment dans le secteur agricole. Nous encourageons les jeunes à se lancer.

Choisissiez vos partenaires et fournisseurs le plus localement possible. Nous avons remarqué une réelle collaboration entre entrepreneurs ici. C’est principalement parce qu’ils s’encouragent le plus possible les uns les autres !

Ayez un impact dans votre collectivité. Impliquez-vous !