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Issu d’une famille de 4 générations d’entrepreneurs, Sylvain Darche prend rapidement conscience des défis auxquels font face les entreprises familiales dans un processus de transfert. Cumulant 25 ans d’expérience, il développe une expertise en gestion et dans le coaching d’entrepreneurs et de repreneurs.
Comment le goût du repreneuriat vous a été inculqué ?
J’ai été impliqué très jeune dans un contexte d’entreprise de services à la personne. Je participais aux achats des véhicules pour l’entreprise, aux discussions d’expansion, à l’ajout de nouveaux services et à des discussions d’affaires avec les clients. Rapidement, j’ai trouvé stimulant de pouvoir un jour avoir un impact sur l’amélioration ou le développement de l’entreprise. C’est ce qui m’a donné le goût de poursuivre.
Selon vous, est-ce que l’on naît entrepreneur – ou repreneur – ou on le devient ?
Je crois que l’on retrouve une grande part d’innée dans plusieurs réflexes d’entrepreneurs, comme la proactivité, le fait d’être orienté vers les solutions, l’énergie pour transformer les difficultés, le goût de la croissance, le fait de constamment rechercher le petit plus pour le client. Bien sûr, ces différents aspects peuvent se développer et se raffiner avec le temps.
Quels sont les enjeux propres au transfert familial ?
Il y a plusieurs enjeux souvent sous-estimés, dont les enjeux financiers, fiscaux et légaux. Il y a aussi les enjeux humains qui, parfois, ne sont pas adressés. Par exemple, quels seront les rôles de chacun pendant la transition ? Quel est le plan pour développer la relève ? Comment seront prises les décisions ?
Également, qui dit transfert familial dit enjeux familiaux. Dans une relève familiale, le repreneur peut oublier les attentes du propriétaire en percevant d’abord sa fonction de parent. Il doit donc réussir à y répondre en trouvant un équilibre entre la façon dont il veut faire les choses et celle du propriétaire. L’ensemble des enjeux est complexe et nécessite une réflexion et la création d’un plan. Un suivi rigoureux du plan de transfert doit être prévu. De plus en plus, les banquiers recommandent un accompagnement externe pour encadrer la démarche, la supporter et challenger la relève autant que le propriétaire. Ainsi, plusieurs conflits et pertes de temps seront évités.
Dans votre pratique, quels sont les différents profils de repreneurs rencontrés ?
Je constate qu’il y a autant de femmes que d’hommes qui reprennent la relève d’une entreprise familiale. En général, ce sont des passionnés, de bons gestionnaires et développeurs d’affaires. Ils communiquent positivement leurs attentes et savent s’entourer d’une bonne équipe, autant au niveau des cadres et employés de l’entreprise qu’au niveau des conseillers externes. Également, ils peuvent les challenger et les sortir de leur zone de confort.
Quels sont les profils de cédants avec qui vous travaillez ?
J’ai rencontré au cours des 15 dernières années, neuf profils différents d’entrepreneurs :
- le développeur,
- le développeur,
- le directif autoritaire,
- le participatif,
- le craintif,
- l’introverti,
- l’extraverti,
- le monarque,
- celui qui laisse aller.
Ceux qui réussissent plus facilement ont la capacité de laisser de la place au fur et à mesure que la relève évolue. Le défi pour les cédants est de développer de nouveaux leaders et faire véritablement équipe avec la relève. Cela semble évident mais dans le quotidien, souvent, un coup de pouce de l’externe est nécessaire pour développer cette nouvelle façon de faire.
Comment aidez-vous les cédants à graduellement donner la place au repreneur?
Cela se fait sur une certaine période de temps. Au fur et à mesure que la relève évolue, nous organisons des rencontres et discutons des prochains dossiers ou projets à venir qui seront confiés aux repreneurs.
Quelles sont les trois plus grandes qualités que doit posséder un repreneur selon vous ?
Le repreneur doit avoir un grand respect envers les valeurs de l’entreprise ainsi qu’envers la vision et les priorités du propriétaire, des employés, des clients et des fournisseurs. À un autre niveau, il est aussi important que le repreneur respecte le budget établi et le plan stratégique qui peuvent être adaptés au besoin et rediscutés au sein du conseil d’administration ou du comité consultatif.
Le repreneur doit aussi avoir un sens des affaires développé. Il ne faut pas oublier que cela prend souvent quelques années avant que la relève puisse voir l’impact de ses décisions. Le repreneur doit donc avoir une vue d’ensemble de l’entreprise avant de prendre position sur des enjeux importants. De plus, il doit avoir un sens des priorités et du timming. Il doit être capable de gérer le changement efficacement et se bâtir une bonne équipe à l’interne, en plus du souci de rentabilité.
Un repreneur doit établir une bonne communication avec le propriétaire pour assurer un lien de confiance optimal. Parfois, de petites actions peuvent faire une grosse différence. Il est, par exemple, possible de faire des suivis réguliers sur le déroulement des projets ou les problèmes résolus. Il est tout aussi important de savoir communiquer les priorités, d’écouter les préoccupations et de répondre aux besoins de son équipe.
Une bonne communication avec les banquiers est, également, importante. Une relève qui développe le réflexe de communiquer régulièrement avec eux et qui crée un lien peut gagner en crédibilité.
Quelle est LA plus grande leçon que vous avez apprise en termes de reprise familiale, par vos parents ou votre famille ?
Souvent dans un processus de relève d’entreprise, le repreneur ressent la pression de faire ses preuves rapidement et veut faire les choses à sa façon. Cela peut créer certaines frictions avec le propriétaire-dirigeant. Quand j’étais une relève, j’ai voulu apporter des changements beaucoup trop vite. J’ai ensuite réajusté le tir pour y aller plus progressivement. Cela a complètement changé la dynamique. Il y a réellement une question de timing à respecter et il faut y être sensible. Cela nécessite beaucoup de souplesse, du respect, de la patience et une bonne gestion des changements qui sont parfois sous-estimés dans la gestion quotidienne.
Notre contributeur
Sylvain Darche – Conseiller en gestion et relève, transfert d’entreprise chez RCGT
Il fait partie de l’équipe de Raymond Chabot Grant Thornton et se spécialise dans le coaching d’entrepreneurs, d’associés et de relèves qui désirent améliorer leurs performances ou celles de leurs équipes. Il accompagne également les dirigeants et leurs relèves dans la préparation des transferts d’entreprises.
Sylvain connaît bien le contexte des entreprises et les défis auxquels font face leurs dirigeants et leurs relèves puisqu’il provient d’une famille de quatre générations d’entrepreneurs et de gestionnaires. Il a gravi tous les échelons de l’entreprise familiale. De plus, il connaît bien la grande entreprise pour y avoir travaillé pendant plusieurs années. Il a coaché des dizaines de propriétaires et de relèves dans différents contextes d’entreprises de la petite à la grande. Plusieurs de ses clients ont remporté des prix décernés par les chambres de commerce et autres organismes.
Certaines entreprises disparaissent en emportant avec elles tout un savoir-faire. Les cordonneries en sont des exemples représentatifs. Pourtant, à Gatineau, deux jeunes repreneurs ont décidé de conserver un métier qui se fait rare en achetant la cordonnerie Chez Gerry.
Leur jeunesse a fait naître un nouveau modèle d’affaires pour cette petite institution riche en créativité. Pour Benjamin et Julien Charles, les deux cousins entrepreneurs, le temps alloué au développement de l’entreprise est un véritable plaisir !
Afin d’amener leur nouvelle vision et changer cette image vieillotte du métier de cordonnier, ils ont déployé un véritable plan marketing.
Du logo, au site internet en passant par les événements, nos deux jeunes se veulent proche de leur clientèle et dans l’air du temps.
Aujourd’hui, ils veulent partager leur réussite pour inspirer le plus grand nombre. L’Outaouais a plusieurs organismes qui aident au financement et au développement d’activités. Benjamin et Julien Charles veulent encourager les entrepreneurs et leur faire prendre confiance en eux !
Retrouvez leur témoignage :
À la fin de ses études en 1981, Michel Morelli fonde l’entreprise avec deux collègues d’école, Gary Savage et Luc Bergeron. Luc finit par partir travailler en Europe. Les deux associés continuent leur développement et s’offrent de belles années en design industriel et en graphisme. Ils ont pu travailler pour plusieurs musées au Québec et des parcs nationaux.
Par la suite, Michel est allé travailler pour une entreprise d’éclairage. Après 7 années, il passe de designer industriel à directeur du marketing, directeur des ventes puis directeur général. Avec une équipe de 98 employés, il annonce un chiffre d’affaires de 7 millions de dollars. À cette époque, Michel ne souhaitait pas vraiment être directeur général. Le contexte économique de l’entreprise l’a incité a quitté le navire et à revenir aux sources, le design industriel.
En 1995, il ouvre à nouveau l’entreprise Morelli. L’activité se développe notamment grâce à des projets dans le mobilier urbain. À titre d’exemple, nous pouvons citer les 17 produits développés dans le Vieux-Port de Montréal. D’une entreprise multidisciplinaire, Morelli est devenue spécialisée dans certains secteurs dont le médical et le transport.
Et la rencontre arriva !
« Le secteur du transport nous a amené un petit nouveau, Jonathan ! Il était jeune, ambitieux et voulait essayer d’autres choses. Il m’a donc demandé la gestion des trains touristiques de Charlevoix. Je l’ai regardé faire et finalement, il s’en est bien tiré ! Je lui ai donc donné d’autres projets ferroviaires comme San Francisco ou Rocky Mountaineer. Et à chaque fois, il s’en tirait bien ! », nous explique Michel.
Jonathan se donnait corps et âme dans ses projets et voyait toujours plus loin. Alors, il a demandé à s’occuper de la gestion des projets et du bureau. Michel a, encore une fois, dit oui !
« Il y a 4-5 ans, Michel allait peut-être se retirer. Alors, je lui ai proposé de prendre un certain pourcentage sur l’entreprise », nous précise Jonathan. Les deux hommes ne prenaient pas le temps de rentrer dans le vif sujet mais le temps les a rappelés à l’ordre.
« Il était temps que je pense au futur ! Je venais de prendre 60 ans et je me demandais ce que je devais faire avec ça. Jonathan avait un intérêt grandissant pour reprendre l’entreprise. J’étais prêt à l’aider dans ses démarches. »
Jonathan avait besoin de partenaires potentiels parce qu’il ne savait pas s’il voulait reprendre la totalité de l’entreprise. Ensemble, ils ont rencontré plusieurs partenaires mais ils ne semblaient pas réceptifs et la notion de risque était trop importante. Il a fallu trouver une autre option. Des entreprises voulaient acheter à 100% et contrôler la totalité mais Jonathan ne voulait pas être un employé. Sa volonté était d’être repreneur!
Quand la fibre entrepreneuriale nous tient !
En 2017, Jonathan annonce la nouvelle à Michel : « si quelqu’un doit acheter l’entreprise, c’est moi ! ». Le CTEQ a mis sa casquette d’accompagnateur pour instaurer une équité et aider dans le processus de transfert. « On avait besoin de comprendre le déroulement, le fonctionnement et les bases de départ parce que nous n’avions pas d’idées sur le processus », nous mentionne Michel. Yves Cameron, conseiller en transfert d’entreprise au CTEQ, a mis les deux hommes en relation avec la BDC pour évaluer l’entreprise.
Jonathan a su être convainquant auprès des institutions financières. En effet, son implication dans l’administration et la gérance de l’entreprise, un an et demi avant ses démarches officielles, lui a permis d’obtenir le financement nécessaire pour son projet de reprise. « Heureusement que Michel m’a fait confiance et m’a laissé ouvrir les livres de l’entreprise. Il m’a fait un véritable cadeau pour me familiariser avec la gestion de l’entreprise et constater sa rentabilité. J’ai effectué beaucoup de changement au niveau des outils, des systèmes et de la structure de l’entreprise. Ces décisions étaient nécessaires pour la santé de Morelli et cela a convaincu les institutions financières car les chiffres parlaient d’eux-mêmes. »
Les deux hommes nous rappellent que le climat de confiance entre un dirigeant sortant et un repreneur est indispensable. Pour Michel, « L’acheteur doit savoir dans quoi il s’embarque et pour ça, il faut lui faire confiance en le laissant regarder les chiffres de l’entreprise. De cette manière, j’ai vu que Jonathan était capable de reprendre les rênes. Il ne suffit pas de dire que je pars et que laisse la business !».
Pour Jonathan, la confiance, la complicité et la complémentarité sont des éléments déterminants. Le processus demande du temps et pour ça il faut pouvoir compter l’un sur l’autre. Un autre défi s’est présenté à Jonathan, celui de redresser l’entreprise. Il y a deux ans, il propose d’introduire le design thinking pour relancer l’entreprise. Les deux hommes relèvent le défi et décident de transformer Morelli. Ainsi, Jonathan amenait sa nouvelle vision et se fixait des objectifs jusqu’au départ de Michel.
Morelli devait se différencier et cherchait à se distinguer. Jonathan a construit sa vision en se donnant le temps de le faire. De 5h à 6h30 du matin et pendant deux ans, il a travaillé sur son projet et sa construction. « Un matin ma femme est descendue au sous-sol et elle m’a demandé ce que je faisais. Je lui ai dit que je travaillais sur mon avenir. Je ne savais pas encore ce que cela allait être mais c’était le futur !».
Le projet a été essayé, peaufiné, complété avec des partenaires et a fait monter l’entreprise !
Ce nouvel axe de services permet, aujourd’hui, à Morelli de supporter les entreprises en stratégie et développement de projets. L’équipe aide les clients à aborder le projet pour avoir un avantage concurrentiel et durable dans le temps. Elle peaufine le cahier des charges qui ne dit pas tout et oublie des éléments. L’objectif est d’augmenter le positionnement des clients et leur marge de profit. Leur devise : ralentir le client pour mieux le faire accélérer !
Les conseils de Jonathan aux repreneurs :
- La compréhension de l’environnement de l’entreprise et son appropriation.
- La mise en place d’une vision commune pour l’entreprise et d’un plan stratégique de croissance avec l’identification des faiblesses.
- La place du dirigeant sortant dans le processus de relève : planification de la vente avant, pendant et après.
- La patience : la démarche demande du temps, pas seulement 6 mois ou un an.
« Reprendre une entreprise, ce n’est pas juste des chiffres représentés par l’état financier. Le côté humain est indispensable car la relation avec les gens est souvent la source des échecs. Sans les employés de Morelli, l’entreprise n’est plus ! La continuité se fait avec la confiance des membres de l’équipe. »
Penser au pire pour agir !
Michel nous mentionne un fait important, c’est que les dirigeants pensent rarement au fait qu’ils doivent céder avant de tomber malade. « Je me suis dit que si demain je tombais malade, Jonathan devait être en position pour assurer la relève ».
Aujourd’hui, Michel est le plus jeune des employés mais le plus vieux dans la structure ! Pour lui, rien n’a changé. Il met toujours autant d’énergie pour que tout aille bien, autant pour l’entreprise et l’équipe que pour Jonathan.
Chez Morelli, 95% des clients sont récurrents. Pour un dirigeant sortant, il est important de sécuriser la clientèle existante pour ne pas la perdre et éviter les rumeurs. La confiance s’est établie par son biais et cela doit se poursuivre avec le repreneur. Le nouveau rôle doit être clair et annoncé de la bonne manière. « Les clients ont grandi avec nous et ils savaient qu’on s’en allait vers une reprise. Ce n’était pas une surprise. Certains m’ont même appelé pour me dire qu’ils avaient encore plein de projets pour Morelli et qu’il ne fallait pas que je m’inquiète », nous précise Jonathan.
Lors de l’annonce, Morelli a eu beaucoup de réactions sur les réseaux sociaux. Les deux hommes souhaitaient amener le changement d’une manière humoristique ! Michel a joué le dirigeant renvoyé avec sa boîte et sa plante.
Les clients ont bien rigolé. « Annoncer le repreneur, c’est un peu ennuyant. On voulait montrer qu’un processus de relève peut se faire dans la joie et dans le plaisir ! Il y a une continuité. »
Michel nous mentionne que ce n’est pas évident de trouver sa relève même à l’intérieur de l’entreprise. Il a joué l’homme-orchestre pendant des années en s’appropriant différents rôles. Quand Jonathan est arrivé, il avait envie d’essayer, de fouiller et de comprendre. Michel a vu son potentiel.
Les échecs qui peuvent toucher le projet de relève :
- La culture d’entreprise qui ne correspond pas au repreneur.
- Une mauvaise connaissance de l’entreprise : son expertise, sa structure…
- Aucune alchimie entre le repreneur et le cédant.
- Un manque de confiance et de complicité entre les deux parties.
- Le dirigeant sortant n’est pas prêt et mature pour laisser l’entreprise
« Il faut se parler avant de demander les états financiers de l’entreprise. Il faut voir si le mariage est possible !».
Avec le CTEQ, les deux hommes se sont entourés d’un acteur neutre pour obtenir des conseils et trouver des experts. Ainsi, ils ont limité les émotions en évitant les professionnels qu’ils connaissaient déjà.
Jonathan nous parle des perceptions du début et de l’importance de la complicité : « Il y a quelques années, on faisait appel à des connaissances pour l’évaluation de l’entreprise, la comptabilité etc. On s’est rendu compte qu’il fallait rendre tout ceci neutre pour éviter les désaccords. Ensuite, on a eu la notion de temps entre l’évaluation et le moment de la transaction. Beaucoup de mois s’étaient écoulés et un plan de croissance était déjà en place. Les avocats des deux parties ont dû trouver un accord pour savoir ce que l’on faisait des retombées positives. Cela a été un moment de discorde entre les deux professionnels mais grâce à ma complicité avec Michel, nous en avons discuté et trouvé facilement un accord ».
La complicité intergénérationnelle des deux hommes et leur volonté de voir toujours plus loin pour Morelli, nous offrent un bel exemple de réussite de relève à l’interne ! Pour en savoir davantage sur leur entreprise et leur offre de services, rendez-vous sur le site Morelli Designers.
On attend la suite avec impatience !
Le Café-boutique Aux 5 sœurs, c’est la place conviviale en Mauricie, à Sainte-Thècle. Résidents ou touristes, on s’y arrête pour savourer un bon café accompagné d’une gaufre belge. Le lieu revit tout en nous plongeant dans son passé. Nous imaginons ces 5 sœurs Leblanc qui ont tenu le magasin général et qui sont encore dans l’esprit des aînés. On vous parle d’une aventure. Celle de Roxanne et Olivier qui ont amené leur sensibilité dévorante dans le village en redonnant vie au patrimoine et en valorisant les artisans locaux.
Pourquoi avez-vous choisi la Mauricie ?
Je viens de Trois-Rivières et j’y ai demeuré jusqu’à la fin de mes études. Olivier et moi, nous nous sommes rencontrés à l’UQTR, lors de nos études respectives en administration des affaires.
La Mauricie a été un choix facile pour nous puisque nous aimions la région et que l’accès à la propriété y était facilitée pour un jeune couple comme nous.
La région de Mékinac était méconnue pour nous, mais nous y sommes tombés amoureux lors d’une première visite.
Pourquoi avez-vous choisi de reprendre le Magasin Général de Sainte-Thècle ?
Le lieu était affiché sur un site de vente de propriétés et nous sommes venus le visiter. Le Magasin Général était abandonné depuis plus de 20 ans, il n’était pas dans un état propice à l’ouverture d’un commerce rapidement. Nous avons donc acheté la maison et le Magasin Général qui appartenaient à la même famille et avons décidé d’en faire notre nouvelle vie !
Ce n’est qu’un an après l’achat que nous avons ouvert le Café « Aux Cinq Sœurs ». Le nom est d’ailleurs une référence historique aux cinq soeurs Leblanc qui opéraient autrefois le magasin de leur père. Nous en avons fait un lieu rassembleur, authentique et rempli de souvenirs.
Comment avez-vous procédé pour acquérir le magasin ?
Comme le bâtiment (Maison et Magasin) était classé comme résidentiel/commercial, nous avons fait appel à Desjardins pour une hypothèque et nous avons dû mettre une mise de fond de plus de 20% pour l’acquisition.
La difficulté a été dans l’acquisition et l’assurance des bâtiments. Ensuite, même si le projet commercial était novateur pour la région, nous avons eu de la difficulté à trouver des partenaires financiers. Les secteurs de la restauration et de la vente au détail sont à risque plus élevés. Les prêts aux entrepreneurs sont donc plus difficiles.
Finalement, les premiers à avoir fait confiance en notre projet sont FONDEC de Trois-Rivières, puis la Municipalité de Sainte-Thècle, Desjardins ainsi que le CLD Mékinac. Ce sont ces partenaires qui nous ont permis d’ouvrir le commerce.
Comment avez-vous amené votre nouvelle vision pour bâtir votre succès local ?
Nous sommes partis de l’histoire du Magasin Général pour bâtir notre modèle d’affaires ainsi que notre image de marque. Les résidents locaux avaient déjà un lien avec cet ancien bâtiment et ils étaient favorables au projet. Cela nous a grandement aidé. Avant l’ouverture officielle, nous avons travaillé très fort sur les réseaux sociaux pour créer un engouement. Cet engouement dure depuis plus de 16 mois !
Aujourd’hui, quels sont vos constats et vos ambitions pour le futur ? Feriez-vous des choses différemment ?
L’entreprise va bien, elle est en pleine croissance et nous permet de nous dépasser professionnellement. Elle demande beaucoup certes, mais nous faisons ce métier avec passion parce que nous l’avons choisi. Nous sommes deux associés et 5 employés, l’équipe grandit pas à pas ! C’est une grande fierté pour nous.
Nos ambitions s’orientent principalement sur le développement touristique et régional de chez nous. Nous aimerions que notre projet inspire des jeunes à venir s’installer dans Mékinac et que d’autres s’orientent vers l’entrepreneuriat en région également.
Quels conseils donneriez-vous aux jeunes qui envisagent d’entreprendre en région ?
Entourez-vous des bonnes personnes parce qu’un projet ne repose pas sur un seul entrepreneur. Soyez fiers de bâtir un projet, de générer des emplois et de dynamiser nos régions. Le Québec en a besoin ! N’essayez pas d’entrer dans les « balises » commerciales, sortez des champs battus, soyez créatifs ! Plusieurs entreprises ont besoin de relève et elles n’en ont pas, notamment dans le secteur agricole. Nous encourageons les jeunes à se lancer.
Choisissiez vos partenaires et fournisseurs le plus localement possible. Nous avons remarqué une réelle collaboration entre entrepreneurs ici. C’est principalement parce qu’ils s’encouragent le plus possible les uns les autres !
Ayez un impact dans votre collectivité. Impliquez-vous !
L’Association régionale de développement économique du Centre-du-Québec (ARDECQ) et le Centre de transfert d’entreprise du Québec (CTEQ) sont fiers de vous proposer cinq capsules vidéo destinées aux dirigeants d’entreprises.
Le projet a été rendu possible grâce à la Table d’action en entrepreneuriat du Centre-du-Québec, Desjardins Entreprise du Centre-du-Québec et le Groupe RDL.
« Le transfert du dirigeant à sa relève est une étape inévitable dans la vie d’une entreprise, profitez-en pour en faire une stratégie d’affaires! » souligne Nathalie Bilodeau, conseillère en transfert d’entreprise du Centre de transfert d’entreprise du CTEQ.
Abordant cinq thématiques importantes d’un processus de transfert, ces capsules visent à sensibiliser les dirigeants d’entreprises aux risques liés à un manque de planification, tout en présentant les principales étapes du processus de transfert :
- Plan de transfert
- Prix de vente
- Maximisation de la valeur
- Aspects financiers
- Transfert de direction
Le plan de transfert
Le plan de transfert vous aidera à prévoir les étapes importantes de préparation et à vous faire un échéancier pour avoir une démarche de qualité qui vous permettra d’économiser du temps et de l’argent.
Découvrez dans cette vidéo, les conseils avisés de Nathalie Bilodeau, conseillère en transfert d’entreprise du CTEQ et le témoignage de Jacques Pépin, de l’entreprise les Paniers P&P inc. de Saint-Pierre-les-Becquets sur leur processus de transfert d’entreprise. Pour aider les dirigeants et les repreneurs dans le transfert de l’entreprise et la partie fiscale, il nous donne ses conseils en vidéo.
Le projet a été rendu possible grâce à la Table d’action en entrepreneuriat du Centre-du-Québec, par Desjardins Entreprise du Centre-du-Québec et le Groupe RDL.
Acheter une entreprise, c’est connaître tout l’historique de santé !
Lors de l’achat d’un bien immobilier, vous souhaitez être rassuré sur tous les aspects de la bâtisse avant de faire votre achat et ainsi éviter toutes les mauvaises surprises dans un futur proche. Pour une entreprise, il en va de même ! Un acquéreur ou un repreneur va effectuer une revue détaillée de l’entreprise qu’il souhaite posséder. C’est ce que l’on appelle la revue diligente. Elle va permettre de connaitre l’historique et la situation actuelle de l’entreprise désirée en examinant, le plus souvent en détails, les aspects comptables, fiscaux, juridiques et opérationnels. Réalisée après de la lettre d’intention (LOI) et avant l’offre d’achat, la revue diligente va permettre à l’acquéreur de s’assurer que les éléments en cours de négociation avec le cédant, dans le but de valoriser l’entreprise, correspondent bien à la réalité.
Il est important que chaque lettre d’intention permette à l’acquéreur d’effectuer cette étape. Le cédant, quant à lui, doit fournir toutes les informations nécessaires pour compléter le processus.
Un examen en détails !
La revue diligente couvre plusieurs éléments de l’entreprise. Elle va analyser les points suivantes :
- Les finances, l’administratif, la comptabilité, le marketing et les technologies de l’information (TI)
- Les ressources humaines
- Les opérations (revenus/ventes, coûts de production, marge de profit)
- Le légal et le juridique (les obligations, les contrats, les litiges, la propriété intellectuelle)
- La fiscalité (impôt sur les bénéfices, les taxes à la consommation et les déductions à la source)
- L’immobilier (terrain, immeuble, équipements, évaluation/audit environnemental)
- Autres : les fonds de pension, les assurances, les avantages sociaux…
Faites votre liste !
Généralement, le repreneur va fournir une liste détaillée au cédant. Elle va comporter tous les éléments qu’il réclame. Cette liste est prioritaire car elle est dans la continuité de la lettre d’intention et évite de passer à côté de certaines choses. C’est un véritable élément du processus d’acquisition ! Ensuite, le cédant bénéficie d’un délai pour fournir le tout et assurer que le processus se fasse dans les temps. Généralement, le cédant et le repreneur se mettent d’accord sur les délais pour fournir les élément en question. Une pièce manquante peut retarder la démarche et influencer l’avis du repreneur.
Que faire des résultats ?
Les négociations entre les parties ne permettent pas d’évaluer tous les points et d’identifier les risques potentiels que présente l’entreprise. La revue diligente va clarifier ces aspects. Elle permet à l’acquéreur de dégager les éléments et les points stratégiques permettant d’aboutir à une valorisation plus précise de l’entreprise. Elle porte à son attention les risques que présentent l’entreprise et son potentiel de valeur. Les résultats de la revue diligente peuvent avoir un impact sur le prix de la transaction, la décision de poursuivre la transaction et les termes et clauses du contrat d’achat.
La revue diligente permet de normaliser le bénéfice avant intérêts, impôts et amortissement (BAIIA) de l’entreprise, d’identifier certains risques d’affaires et de connaitre l’entreprise d’une manière plus détaillée. Les résultats vont permettre au repreneur de décider s’il passe à l’étape suivante : l’offre d’achat.
Si les résultats révèlent des problèmes, il faudra déterminer s’ils peuvent être réglés rapidement afin d’aboutir à la transaction. Cette dernière peut, d’ailleurs, subir des renégociations dans ce genre de cas. Si les problèmes ne peuvent être réglés facilement, la transaction risque d’échouer.
La notion d’ajustement
Si le repreneur estime que des ajustements sont à faire, il doit en aviser le cédant.
Les conclusions de la revue diligente peuvent soulever des éléments majeurs qui vont jouer sur le prix de vente.
Il doit en discuter avec le vendeur pour trouver un terrain d’entente et éviter l’échec des négociations.
Les 4 mots à retenir !
1. Confiance
Le repreneur et le cédant doivent être à l’aise pour réussir le processus de transfert et s’échanger des informations utiles.
2. Transparence
La transparence permet de faciliter la transaction et rassure les deux parties.
3. Collaboration
La collaboration permet de développer un rapport de confiance et renforce l’efficacité de la transmission.
4. Délai
Le respect des délais rassure aussi bien le cédant que le repreneur. À l’inverse, cela peut jouer sur la crédibilité d’une des parties et mener à l’échec du projet.
François Brouard est professeur titulaire en fiscalité et comptabilité à la Sprott School of Business, Université Carleton et directeur fondateur du Centre Sprott pour les entreprises sociales (CSES). Ses intérêts de recherche sont les entreprises sociales, l’entrepreneuriat social, la gestion financière, la gouvernance, les fondations, les organismes sans but lucratif, la veille stratégique, les PME, la fiscalité, la transmission d’entreprises, la profession comptable et la planification financière. Pour aider les dirigeants et les repreneurs dans le transfert de l’entreprise et la partie fiscale, il nous donne ses conseils en vidéo